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5 signes que vous avez vécu un traumatisme

« Je n’ai pas compris ce qu’il m’arrivait » … « J’étais tétanisé » ... « Je ne pouvais plus parler ». Si vous vivez un traumatisme, vous n’en êtes pas conscient sur le coup. Votre organisme crée une sorte d’anesthésie psychique et physique pour vous protéger du danger. Vous n’avez pas les mots, sur le moment, car il n’y en a pas… Et parce que la situation est irreprésentable par votre cerveau. De plus, 32 % des personnes traumatisées souffrent d’amnésie traumatique… Alors comment savoir si vous êtes une personne traumatisée ? Zoom sur les 5 signes qui prouvent que vous avez vécu un traumatisme.

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Rédaction par La Clinique E-Santé

12 min

Publié le April 26, 2023 (modifié le August 14, 2023)

5 signes que vous avez vécu un traumatisme

Suis-je en état de stress post-traumatique ?

Vous vous posez des questions sur la cause de votre anxiété, de vos angoisses ou de certains symptômes que vous ressentez ?

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Qu'est-ce qu'un traumatisme psychologique ?


Le traumatisme est un événement brutal qui bouleverse la vie d’un individu, au point qu'il y ait un « avant » et un « après ». C’est un choc violent qui bouleverse votre organisme et entraîne un ébranlement durable.
Le traumatisme peut être physique et psychologique. Il est défini comme une confrontation imprévue avec l’éventualité de sa propre mort ou celle de quelqu’un d’autre, mais aussi par le fait d’être exposé à l’idée de perdre son intégrité physique, psychique ou bien d’être témoin d’une scène où un tiers aurait pu perdre son intégrité physique ou psychique.
On retrouve par exemple le fait d’être victime ou témoin d’un accident, de violence physique ou psychologique, d’abus, d’une catastrophe naturelle, de la guerre, etc.
Concrètement, vivre un traumatisme, c’est vivre une situation dans laquelle vous perdez le contrôle de ce qu’il vous arrive. Et à la différence d’un simple stress, si vous vivez un traumatisme psychologique, c’est l’effroi (plutôt que l’angoisse) qui se manifeste au premier plan : une sorte de disjonction de l’activité psychique et physique, une sidération.

Bon à savoir

Le risque de développer un état de stress post-traumatique (ESPT) est de 24 % lors d’un traumatisme en général.
Mais il est beaucoup plus important chez les victimes de violences ou d’abus. De 50 à 60 % chez les personnes victimes de violences intrafamiliales. Et jusqu’à 80 % en cas de viol.

Comment reconnaître un traumatisme ? Les 5 signes


Il est difficile de repérer les symptômes post-traumatiques, et surtout leur source : le décès d'un enfant, la perte d'un emploi, une violence, la perte d'un parent par suicide, un accident ... Les facteurs qui ne rendent pas cette tâche facile, sont ces difficultés à se souvenir de la scène et le néant psychique induit par le choc émotionnel.
Alors comment reconnaître les signes qui peuvent vous alerter ?

  1. Vous avez des reviviscences traumatiques
  2. Vous êtes hypervigilant
  3. Vous évitez de penser à la scène traumatique
  4. Vous souffrez d’amnésie traumatique
  5. Vous avez des troubles de l’humeur et du comportement

On n’est pas conscient d’être traumatisé sur le coup. La plupart du temps, un temps de latence précède les symptômes d'un traumatisme psychique : de quelques jours à plusieurs semaines, voire des décennies…
Parmi eux on retrouve, l’état de stress post-traumatique (ESPT) ou névrose traumatique. Cet état chronique se manifeste plus d’un mois après l'événement traumatisant. Il peut évoluer vers la dépression, l’anxiété généralisée, sociale ou encore vers des conduites addictives
À lire aussi : Ces 7 deuils dont on ne parle jamais et comment y faire face ?

Signe 1 : Vous avez des reviviscences traumatiques

Les reviviscences traumatiques sont ces machines à remonter le temps. Ces traces du choc susceptibles d’envahir le champ de votre conscience sous une forme déguisée. Et de vous faire revivre la scène traumatique. Dans des contextes qui rappellent de près ou de loin l’évènement.
Concrètement : Vous faites beaucoup de cauchemars, vous avez des flashbacks, des attaques de panique… Ou vous ressentez de l’insécurité dans certains contextes ou au niveau social. Vous allez sursauter à la suite d’un bruit, angoisser à la vue d’un lieu, d’un objet, de tout et n’importe quoi en réalité.
En ces instants, vous pouvez avoir la sensation de revivre votre traumatisme avec les mêmes odeurs, les mêmes sentiments de détresse ou de terreur. Par exemple, un traumatisme dû à l’accouchement peut créer des reviviscences. Et elles peuvent apparaître bien plus tard : avec des flashbacks, un ressenti des mêmes douleurs, insécurités, angoisses, etc.
Si vous avez des reviviscences, vous souffrez peut-être d’un état de stress post-traumatique. Ce sont des indices concrets d’une mémoire « piégée »… De façon générale, vos réactions sont disproportionnées tout comme votre état émotionnel. Et vos peurs deviennent irrationnelles.
Néanmoins, elles ont bien une explication rationnelle, c’est la mémoire traumatique : si vous vivez une situation de danger, votre amygdale s’active comme une alarme dans votre cerveau pour vous alerter. Et vous invite à faire face ou fuir. Mais si vous êtes en état de choc, votre amygdale va produire des hormones de stress de façon excessive… Ce « trop-plein » d’hormone va créer une sorte de disjonction de votre circuit émotionnel (à l’aide d’hormones anesthésiantes comme les endorphines).
À cet instant, l’hippocampe (qui intervient dans la mémoire) ne peut pas faire son travail d’encodage de la mémoire sensorielle et émotionnelle. Celle-ci reste donc piégée dans l’amygdale sans être traitée. Ce qui crée ce phénomène de reviviscences traumatiques. Qui peuvent vous sembler « sorties de nulle part » : comme par exemple, le fait d’avoir des crises de panique sans raison apparente…
Ce sont en réalité, ces traces mnésiques piégées dans l’amygdale qui n’ont pas pu être encodées par l’hippocampe, qu’on appelle la mémoire traumatique.
C’est cette incapacité pour la mémoire à faire sens au choc émotionnel, qui crée ce phénomène de répétition : une sorte de souvenir qui se répète et qui échoue dans sa représentation…

Bon à savoir

Cette disjonction créée lors du vécu traumatique peut favoriser chez la personne traumatisée des conduites à risque.
Cela se traduit par le fait de « répéter » cette disjonction de façon spontanée. Par exemple, par l’accoutumance aux drogues, à l'alcool… Ou toute autre addiction qui crée cette « anesthésie ».

Signe 2 : Vous êtes hypervigilant

Reconnaître un traumatisme c’est également identifier en vous une certaine hypervigilance.
Si vous avez toujours l’impression d’avoir une épée de Damoclès sur la tête, que vous êtes continuellement en train de scanner votre environnement, ou en état d’alerte permanent, prêt à répondre en cas de danger : c’est un état d'hypervigilance. Si ces comportements traduisent une anxiété, ils peuvent aussi être la conséquence d’un vécu traumatique.
Concrètement, cela se traduit par une hyperesthésie qui a pour but de prévenir un danger réel ou supposé. Si vous êtes hypervigilant, vous êtes hypersensible à votre environnement. Votre cerveau suranalyse et surréagit aux possibles menaces du quotidien, vous imaginez toujours le pire.

  • Ces dangers estimés peuvent être physiques : un bruit, une voiture, vous sursautez facilement, vous êtes sur le qui-vive lorsque vous conduisez ou traversez la rue.

  • Ils peuvent être également relationnels : vous analysez de façon automatique le ton de vos interlocuteurs ou vous prenez tout personnellement. Le moindre froncement de sourcil et vous vous sentez visé.

Dans ce contexte relationnel, il est essentiel de différencier l’hypervigilance de la paranoïa… L’hypervigilant est sur la défensive, tandis que la personne paranoïaque est délirante et n’a pas conscience de l’être. Lorsque vous êtes hypervigilant vous avez conscience de votre malaise mais ne parvenez pas à vous en défaire.
Par exemple, votre hypervigilance relationnelle peut provenir d'une ancienne relation amoureuse toxique que vous avez vécu avec un manipulateur ou une personne narcissique.
Concrètement, votre environnement est une menace. Et il vous est difficile de lâcher du lest. Vous êtes en constante tension en regard de ce qu’il pourrait vous arriver. Ou arriver à votre entourage.
De façon générale, cela handicape votre quotidien mais ce syndrome peut conduire à des comportements obsessionnels, de l’anxiété généralisée, ou encore un retrait social
Vous pouvez aussi être hypervigilant dans votre vie de couple. Les traumatismes liés à l’infidélité ont fait l’objet de recherches. Et le choc de la trahison (où votre intégrité psychique est mise à mal) peut provoquer un ESPT.
Cette surattention peut s’associer à l’hypercontrôle : le besoin de tout prévoir. Ce mécanisme cherche à compenser l’anxiété qui émerge face à la nouveauté ou l’imprévu. Si vous êtes traumatisé, vous aurez tendance à vous sentir plus à l’aise dans des activités habituelles routinières. Et l’improvisation peut être source d’angoisse. Tout comme le fait de voyager dans un nouvel endroit par exemple.
Ce besoin de contrôle est, sur le plan psychique, une bonne façon de « reprendre le contrôle » face à l’impuissance ressentie lors du vécu traumatique.
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Signe 3 : Vous évitez de penser à la scène traumatique

Si vous refusez de vous rendre dans des lieux susceptibles de vous rappeler l'événement, ou encore que vous refusez d’en parler par crainte de ressentis douloureux, alors il est possible que vous ayez vécu un traumatisme profond.
Néanmoins, éviter une situation délicate passée par peur d’en ressentir la douleur est un comportement naturel. Qui ne traduit pas forcément un trouble psychologique. Par exemple, si vous vous êtes senti rejeté à une période de votre vie, il est normal de ne pas vouloir revivre cette situation traumatisante.
Comment être sûr que votre évitement est bien le signe de blessures traumatiques ? Le syndrome d’évitement se traduit par un évitement répété des stimulus associés au traumatisme psychique (facteurs qui déclenchent une réaction physiologique ou psychologique).
Il implique que vous ressentiez au moins trois des manifestations suivantes :

  • Vous tentez d’éviter les pensées, conversations associées au traumatisme
  • Vous vous efforcez d’éviter les activités, lieux qui réveillent le souvenir de l’évènement
  • Vous êtes incapable de vous rappeler un moment important de la scène traumatique
  • Votre intérêt pour les activités importantes du quotidien est réduit
  • Vous avez le sentiment d’être détaché des autres, et vous sentez parfois comme un étranger
  • Vous n’arrivez plus à vous projeter dans votre avenir professionnel ou personnel

Les conduites d’évitement viennent aussi en réponse pour diminuer ces états d’alerte tels que le flashback, les attaques de panique… Une conséquence à ces symptômes d'un traumatisme psychique qui rendent votre quotidien difficile.
Ce sont, en réalité, de simples stratégies pour éviter des situations susceptibles de déclencher ces reviviscences. Ces stratégies peuvent mener au développement d’autres troubles : comme l’anxiété sociale ou la phobie par exemple…
Concrètement, une personne traumatisée peut associer à tout type d’ « objet », un caractère anxiogène. Certaines personnes pourront éviter de conduire ou bien de prendre le métro, l’avion, le train, ou bien les endroits confinés, les espaces publics ou les oiseaux… L’objet d’angoisse importe peu en réalité. C’est la charge émotionnelle qui lui est associée qui est au centre de ces stratégies d’évitement.
Cela implique des contraintes majeures sur son quotidien, son épanouissement personnel et professionnel. C’est aussi pourquoi une personne qui a vécu un traumatisme professionnel : une maltraitance, un harcèlement au travail… Peut se sentir incapable de retourner travailler. L’évocation de l’activité de travail peut faire ressurgir l’effraction psychique ressentie lors du trauma.

Bon à savoir

Tenter d’éviter ou de supprimer le souvenir traumatique est un mécanisme de défense naturel, qu’on a tendance à percevoir comme salvateur. Mais les tentatives d’évitement conduisent parfois à l’inverse du but initial : la résurgence et la persistance traumatique.
C’est là tout le problème des conduites d’évitement. En fuyant la confrontation, le stress causé par l’évitement peut induire une charge émotionnelle plus grande.
Pour diminuer ces reviviscences, il est essentiel de recontextualiser le souvenir. Dans le but d’une mise à distance des émotions initialement liées. Contrairement à ce que l’on pourrait penser : se confronter à cette mémoire traumatique est le meilleur moyen de s’en libérer…

Signe 4 : Vous souffrez d’amnésie traumatique

Vous avez des difficultés à vous remémorer de façon cohérente l'événement qui a marqué votre vie ? Il vous manque des parties ? Ou vous avez parfois la sensation que vous l’avez rêvé ? Ce sont des signes d’amnésie traumatique.
Si vous vivez un traumatisme psychique, l’état de choc empêche votre hippocampe d'encoder la mémoire (sensorielle et émotionnelle). Cette sidération va donc créer une disjonction de votre circuit émotionnel (par un trop-plein d’endorphines). Et cette mémoire du trauma va rester piégée dans l’amygdale. Créant par la suite, des troubles de la mémoire temporelle et spatiale.
Chez les personnes victimes de violences, cette disjonction entraîne une anesthésie émotionnelle et physique alors que les violences continuent. Elle peut donner une sensation d’irréalité, de déconnexion, d’indifférence ou d’insensibilité ou encore, l’impression de vivre la situation de l’extérieur en ”spectateur” : On parle alors de dissociation péritraumatique.
La dissociation peut aussi parfois s’installer de manière permanente. Elle donne l’impression de devenir un automate, comme « anesthésié ». C’est cette disjonction qui est à l’origine de l’amnésie et de la mémoire traumatique. De façon concrète, si vous avez vécu de la violence, votre mémoire émotionnelle des violences va rester piégée dans l’amygdale. Comme isolée, sans être traitée par votre hippocampe.
Ces troubles mnésiques peuvent être associés à des troubles de l’attention, mais aussi à la difficulté de se souvenir des choses du quotidien. On parle d’amnésie dissociative dans le cas d’une perte de mémoire provoquée par un traumatisme. Elle induit l’incapacité à se souvenir d’informations personnelles importantes. Dans ce cas, vous avez des trous de mémoire, de quelques minutes jusqu’à plusieurs décennies.
Concrètement, si vous souffrez d’amnésie dissociative, vous ne parvenez pas à vous souvenir d’informations de type : où vous avez été, à qui vous avez parlé, ce que vous avez fait, dit, ressenti…
Bien souvent ces pertes mnésiques concernent les souvenirs liés à l'événement traumatique : une maltraitance, un traumatisme dans l’enfance… Parfois ces trous de mémoire persistent dans le temps, parfois la mémoire revient.
Dans ces pertes de mémoire, on retrouve plusieurs formes d’amnésie :

  • L’amnésie localisée : sur un ou plusieurs évènements, ou une période spécifique (des années de maltraitance dans l’enfance par exemple).
  • L’amnésie généralisée : dans ce cas l’identité et l’histoire de vie entière de la personne sont atteintes. (Cette forme est rare mais fréquente chez les anciens combattants ou victimes d’agression sexuelle… Elle intervient de façon soudaine)
  • L’amnésie systématique : elle concerne une information sur une personne en particulier par exemple
  • L’amnésie continue : dans ce cas, chaque nouvel évènement à mesure qu’il se produit est oublié

Des formes extrêmes d’amnésie dissociative peuvent impliquer une amnésie totale de souvenirs. On parle alors de fugues dissociatives : la personne ne se souvient que d’une partie de sa vie, ou rien et pas même de son identité. Cliquez ici) pour en savoir plus sur la fugue dissociative.
A lire aussi : Les 10 symptômes du trouble dissociatif de l'identité (TDI)

Suis-je en état de stress post-traumatique ?

Vous vous posez des questions sur la cause de votre anxiété, de vos angoisses ou de certains symptômes que vous ressentez ?

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Signe 5 : Vous avez des troubles de l’humeur et du comportement

Vivre un traumatisme c’est aussi vivre un traumatisme émotionnel. Une réaction ordinaire de stress aigu ne dure généralement pas plus d’un mois. Lorsque les troubles persistent au-delà, il s’agit d’un état de stress post-traumatique.
Ce syndrome psychotraumatique implique souvent des troubles de l’humeur. Parmi eux, on retrouve la dépression majeure, mais on recense aussi des comportements addictifs chez plus de 50 % des hommes et 25 % des femmes traumatisés : par exemple la dépendance à l’alcool, la drogue, les médicaments…
Parmi les comportements associés au vécu traumatique, on recense :

  • Le comportement irritable ou violent
  • Le comportement autodestructeur (incluant les addictions ou TCA)
  • L’hypervigilance (réaction de sursaut exagérée)
  • Les troubles de la concentration
  • Les troubles du sommeil (insomnies, cauchemars)
  • Le mutisme ou l’hyperactivité

Si vous souffrez d’un traumatisme, vous ressentez donc un large éventail d’émotions négatives : des sentiments d’impuissance, de culpabilité, de honte ou de tristesse… Mais aussi, le plus souvent des ressentis de peur et d’anxiété. Il est essentiel de désamorcer l’engrenage de cette spirale traumatique : reviviscences traumatiques, anxiété, perte de confiance, conduites addictives…
Des études confirment l’importance et le rôle du soutien social comme levier pour dépasser un traumatisme profond.

À retenir

Sortir du traumatisme, c’est en repérer les signes. Mais c’est aussi lui permettre de devenir représentable, d’aider votre hippocampe à retrouver cette mémoire piégée afin qu’elle ne vous envahisse plus au quotidien. De mettre des mots sur chaque émotion, association.
Pour vous libérer d'un stress post-traumatique, il existe des thérapies spécialisés dans la gestion d'un traumatisme. Cette thérapie se nomme l'EMDR.

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Photo de Christèle Albaret

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